Le secteur de la restauration en France connaît depuis quelques années des bouleversements majeurs, et 2024 n’échappe pas à cette tendance. Entre la reprise post-COVID, l’augmentation du coût des matières premières et les nouvelles habitudes de consommation, le marché de la restauration évolue pour s’adapter aux attentes des consommateurs. Découvrons les chiffres clés, les tendances et les défis auxquels font face les restaurateurs en 2024.

Plus de 179 000 entreprises de restauration en France

Le nombre de restaurants en France a atteint 179 000 établissements, d’après les derniers chiffres de l’INSEE publiés en mars 2023. Bien que ce chiffre remonte à l’année 2020, il fournit un point de référence pour évaluer la densité du secteur. Cette donnée englobe aussi bien les entreprises de restauration traditionnelle que les services de restauration rapide. Ce secteur représente également un bassin d’emploi majeur, avec près de 488 000 postes temps plein selon l’INSEE.

Un chiffre d’affaires en nette hausse après la crise sanitaire

Après deux années difficiles en 2020 et 2021, marquées par une baisse importante des revenus, le chiffre d’affaires de la restauration en France connaît un rebond. En 2022, le secteur a généré environ 141 millions d’euros, soit une nette progression par rapport aux 86 millions d’euros enregistrés en 2021. Cette tendance positive s'explique en partie par le retour des clients en salle et une augmentation du ticket moyen. L’étude de Food Service Vision pour le premier trimestre 2024 montre d'ailleurs une hausse de 3 % du chiffre d’affaires malgré une météo capricieuse au printemps.

Un ticket moyen en hausse, soutenu par les commandes en ligne

Les habitudes de consommation ont aussi évolué, avec une préférence marquée pour la livraison et les commandes en ligne. En 2023, le ticket moyen pour une consommation en salle était de 16 €, contre 23 € pour les commandes en ligne (SumUp). Cette différence s’explique par des coûts plus élevés associés aux services de livraison et à l’augmentation des options de restauration rapide, qui s’adaptent aux besoins des consommateurs pour des repas pratiques et rapides. En 2024, cette tendance devrait se maintenir, la livraison étant désormais intégrée aux habitudes des consommateurs.

Des restaurateurs sous pression face à l’inflation

Les restaurateurs doivent également composer avec la hausse des coûts des matières premières, notamment en raison de l'inflation provoquée par divers facteurs économiques et géopolitiques. Selon KPMG, le coût des ingrédients représente aujourd’hui environ 34,2 % du chiffre d’affaires des restaurateurs. Les hausses de prix de certains produits de base – comme l’huile de friture (+400 %), l’huile d’olive (+300 %) et le beurre (+100 %) – ont contraint 66 % des restaurateurs à revoir leurs menus. Si, jusqu’à présent, ils ont pu répercuter une partie de ces coûts sur les consommateurs, l’évolution de la situation reste incertaine et pourrait affecter davantage leur rentabilité.

Le recrutement : un défi majeur pour les restaurateurs

Le secteur de la restauration est actuellement confronté à une pénurie de main-d’œuvre sans précédent. Depuis la crise sanitaire, 83 % des restaurateurs déclarent rencontrer des difficultés de recrutement, selon une enquête de KPMG, Gira et L'Addition. Afin d’attirer davantage de candidats, de nombreux établissements ont augmenté les salaires (48 %), revu les horaires de travail (54 %), et adapté leurs pratiques de gestion du personnel. Cette tendance au renforcement des conditions de travail pourrait jouer un rôle crucial dans la stabilisation du secteur à long terme.

Une productivité en hausse malgré les difficultés

En parallèle, la productivité dans le secteur a augmenté de 25 % depuis 2019. Là où il fallait sept employés pour générer un chiffre d'affaires de 5 000 € en 2019, ce même objectif est atteint avec seulement 5,6 équivalents temps plein en 2022. Bien que cette amélioration de la productivité soit en partie due à des équipes réduites et donc plus sollicitées, elle souligne également l’adaptation des entreprises aux défis imposés par la crise sanitaire et la pénurie de main-d’œuvre.

La restauration rapide résiste mieux que la traditionnelle

En 2022, environ 4 434 entreprises de restauration ont fait faillite, soit une hausse de 112 % par rapport à 2021, d’après Altarès. La restauration traditionnelle a été la plus touchée, avec une augmentation de 119 % des faillites. La restauration rapide, elle, a mieux tenu le coup, avec « seulement » 109 % de faillites en plus. Ce meilleur résultat s’explique par une forte demande pour des repas pratiques et abordables, même en période de crise économique.

Une adaptation nécessaire pour pérenniser le secteur

Le marché de la restauration en 2024 illustre la capacité d’adaptation des restaurateurs face aux nombreux défis économiques et sociaux. Alors que la concurrence, l’inflation et les difficultés de recrutement pèsent sur le secteur, les entreprises font preuve d'adaptabilité et d'innovation. Les restaurateurs qui réussiront à tirer profit des nouvelles tendances de consommation, tout en optimisant leurs coûts et en améliorant leurs conditions de travail, auront toutes les chances de prospérer dans cet environnement en mutation rapide. De plus, l'afflux de visiteurs à l'occasion des Jeux Olympiques à Paris cet été devrait offrir de nouvelles opportunités pour booster l'activité et les revenus des établissements.

Récap des chiffres clés de la restauration

• Nombre d'entreprises de restauration en France : Plus de 179 000
• Postes en temps plein dans le secteur : Environ 488 000
• Chiffre d'affaires en 2022 : 141 millions d'euros (contre 86 millions d'euros en 2021)
• Ticket moyen en salle (2023) : 16 €
• Ticket moyen pour les commandes en ligne (2023) : 23 €
• Coût des ingrédients par rapport au chiffre d'affaires : Environ 34,2 %
• Augmentation des prix de certains produits de base :
  • Huile de friture : +400 %
  • Huile d'olive : +300 %
  • Beurre : +100 %
• Pourcentage de restaurateurs rencontrant des difficultés de recrutement : 83 %
• Augmentation de la productivité depuis 2019 : +25 %
• Faillites d'entreprises de restauration en 2022 : Environ 4 434 (augmentation de 112 % par rapport à 2021)
  • Augmentation des faillites dans la restauration traditionnelle : +119 %
  • Augmentation des faillites dans la restauration rapide : +109 %